IA et cryptomonnaies : La Russie face à un doublement de sa consommation énergétique d’ici 2025
- Pourquoi la Russie risque-t-elle une crise énergétique ?
- Quelle est la part réelle des data centers dans la consommation russe ?
- Pourquoi Moscou concentre-t-elle 80% des data centers russes ?
- L'IA vs les cryptos : qui l'emportera dans la bataille énergétique ?
- Questions fréquentes
Alors que la Russie tente de se positionner comme un acteur clé dans le développement de l'intelligence artificielle et exploite la cryptomonnaie comme source alternative de revenus sous les sanctions, une bombe à retardement énergétique se profile. Selon les dernières projections, les centres de données dédiés à l'IA et les fermes de minage pourraient voir leur consommation électrique doubler dès cette année, représentant près de 2% de la demande totale du pays. Un défi majeur pour une économie déjà sous tension.
Pourquoi la Russie risque-t-elle une crise énergétique ?
Le constat est alarmant : Vitaly Sergeychuk, membre du conseil d'administration de la banque VTB (la deuxième plus grande institution financière publique russe), révèle que la consommation électrique des infrastructures dédiées à l'IA et aux cryptomonnaies devrait bondir de 250% d'ici la fin 2025. Cette explosion intervient dans un contexte où la croissance globale de la demande énergétique russe plafonne à seulement 1% annuellement.
Lors du forum d'investissement "La Russie appelle!" à Moscou, Sergeychuk a tiré la sonnette d'alarme : "Nous devrons développer de nouvelles capacités de génération pour éviter les pénuries." Le coût estimé de ces investissements ? 6 billions de roubles (plus de 77 milliards de dollars), selon ses calculs. Une somme colossale qui représenterait plus de 17,5% de toutes les nouvelles investissements énergétiques russes.
Quelle est la part réelle des data centers dans la consommation russe ?
Les chiffres varient selon les experts. Sergey Sasim, directeur du Centre de recherche sur l'énergie électrique à la Haute École d'économie, avance des données officielles : actuellement 1 GW, avec une projection à 2,5 GW d'ici 2030 (1,3% du total). D'autres estimations, plus pessimistes, tablent sur 3 à 4 GW.
Fait intéressant : contrairement aux idées reçues, l'IA ne représenterait aujourd'hui que 4% à 8% de la puissance informatique totale. "Même si cette part grimpe à 15%, ce ne sera pas le principal moteur de croissance", analyse Sasim. "C'est l'expansion globale du secteur IT qui pèsera le plus."
Pourquoi Moscou concentre-t-elle 80% des data centers russes ?
Ilya Mikhailov de Selectel pointe un problème structurel : "Peu d'entreprises russes maîtrisent la création de clusters spécialisés pour l'IA." Résultat : une concentration extrême autour de Moscou et Saint-Pétersbourg, où se trouvent 80% des 200 data centers du pays.
Cette centralisation crée des goulots d'étranglement. "Obtenir une connexion au réseau peut prendre des années", confirme Mikhailov. Un casse-tête pour les mineurs de cryptos, déjà sous pression depuis que le gouvernement a restreint leurs activités dans une douzaine de régions pour cause de pénuries énergétiques.
L'IA vs les cryptos : qui l'emportera dans la bataille énergétique ?
Le Kremlin a clairement choisi son camp. Malgré le rôle croissant du minage comme source de devises sous sanctions, Moscou privilégie désormais l'IA, allant jusqu'à interdire l'usage des data centers pour le minage. Une décision qui pourrait redessiner la carte énergétique du pays.
Konstantin Stepanov de RTK-DC rappelle que globalement, les data centers consomment 1-1,5% de l'électricité mondiale, avec une projection à 4% d'ici 2030. La Russie suit cette tendance, mais avec ses propres spécificités géopolitiques et économiques.
Questions fréquentes
Quel est l'impact réel des cryptomonnaies sur la consommation énergétique russe ?
Bien que significative, la part des cryptos reste inférieure à celle de l'IA. Le gouvernement russe estime que l'expansion des data centers pour l'intelligence artificielle représente un enjeu stratégique plus important à long terme.
Les projections énergétiques sont-elles réalistes ?
Certains experts comme Yuri Shvydchenko de TeDo jugent les estimations de VTB exagérées. Le marché russe des data centers (moins de 2,5 milliards $) semble trop petit pour justifier 77 milliards $ d'investissements énergétiques.
Quelles solutions pourraient atténuer cette crise ?
La décentralisation des infrastructures hors de Moscou et l'adoption de technologies plus efficaces semblent incontournables. Mais le temps presse : avec des délais de connexion pouvant atteindre plusieurs années, la marge de manœuvre se réduit rapidement.